mardi 6 novembre 2012

L'Impact du Radiateur sur la Psychologie Humaine


Ce matin j'ai allumé le radiateur pour la première fois. Et pour une frileuse comme moi, je considère avoir tenu un bon moment déjà sans chauffage, emmitouflée dans trois pulls et deux couvertures, grelottant au moindre mouvement ou bout de bras s'échappant d'un coin de tissu. Mais ce matin je me suis lancée, j'ai tourné le bouton, vaguement tenté de programmer le radiateur, en vain bien sûr, avant de tourner le fatidique bouton.

Car pour moi, allumer le radiateur n'est pas un acte anodin : non, il prouve que l'hiver est parmi nous. Le froid, la buée qui s'échappe des lèvres quand on parle, les écharpes, les bonnets, les pulls, les boots. Et cette période me rappelle également des tas de souvenirs, certains heureux, certains moins heureux. Les hivers de mon enfance, à faire de la luge sur les pentes enneigées du village, à construire des bonhommes de neige et à enfiler les combinaisons de ski pour aller se rouler dans le jardin. Plus tard, les séances photos au milieu des champs enneigées. Mais également tous ces voyages en train me conduisant là-bas, là où j'ai certainement laissé une partie de mon âme que je ne récupèrerai jamais.

Puisque nous abordons le sujet, je vais vous parler un peu de mon séjour à Belgoland, là où tout s'appelle "Belgo/a-quelquechose". On peut dire que j'anticipais ce moment, et pas dans le bon sens du terme. Reprendre un train pour retourner là-bas a été très difficile, j'ai bien failli faire demi-tour à peine la fesse posée sur le siège du Thalys, alors je ne vous raconte pas au retour, en attendant le train, quand Cornélius m'a subitement serrée contre lui, pressé le visage contre sa poitrine, avant de m'avouer plus tard que l'Exécrable était là, juste à côté de nous. J'ai bien cru que j'allais m'évanouir. Ce n'est pas toujours facile de se confronter à ses souvenirs, à ses émotions. "Et s'il venait la chercher ?", "Et s'ils étaient là ensemble ?", "Et s'il m'avait vue ?", "Et si je voyais son visage ?".... Il m'arrive rarement de ne pas pouvoir prévoir comment je réagirais dans une situation donnée, mais là c'était bien le cas.

Etonnamment, le séjour s'est déroulé à merveille. La première soirée a été... bizarre. Tendue, presque glauque - en même temps, peut-on rêver mieux pour un Halloween ? Ensuite on a été dans la maison familiale, là où tout n'était que gentillesse, éclats de rire, tendresse et chaleur (bon j'exagère peut-être sur le plan de la chaleur, en vérité j'étais frigorifiée tout le temps, mais vous m'avez comprise). Tout était parfait : les nuits extatiques, les matinées au lit jusqu'au milieu de l'après-midi, les films dans le salon emmitouflés sous une couverture. Jusqu'aux conversations qui nous faisaient si peur : rompre ou ne pas rompre ? Rester ensemble malgré la douleur, l'éloignement, les difficultés de plus en plus problématiques à se voir ?

Vous ne croirez jamais ce qui a réglé l'histoire. Milo. Le Minou. Qui était bien évidemment du voyage, et qui a jugé bon, dimanche matin, de se volatiliser dans la nature. Toute la journée n'a été qu'une espèce de bulle de panique, une tornade d'affolement à le retrouver, en vain. Ni dans la maison, ni en dehors, il avait tout simplement jumpé. Vous imaginez ma terreur une fois la barre des 15h sans l'avoir aperçu passée. J'ai dû me résoudre à prendre mon train sans lui, après avoir imprimé des tracts pour le retrouver et pleuré toutes les larmes de mon corps. Le voyage de retour n'en a été que plus difficile....

Et je n'avais pas posé un pied chez moi qu'il avait refait surface. Dans la maison de Cornélius. Incroyable, hein ? Milo et Cornélius vont donc revenir ensemble, dans trois semaines. Et qui sait... peut-être de nouveaux souvenirs hivernaux apparaîtront, pour chasser ma peur du froid, de la solitude et des nuits noires, le radiateur éteint...



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