jeudi 26 juillet 2012

Coup de blues #1

 (Today, ain't no sunshine in my heart...)

Aujourd'hui je n'ai juste pas le moral. Je me sens triste, mal dans ma peau, levée du mauvais pied... Et à quoi bon en parler, pour entendre des choses que je sais déjà : "mais tu as aucune raison de déprimer, tu as ton chéri avec toi, tu es à Paris, tu as eu le chat que tu voulais, tu vas à un concert le week-end prochain, que demander de plus ?"
Je sais bien tout ça, seulement parfois l'affectif est plus puissant que le mental, c'est tout, c'est comme ça. Ma mère part en vacances aujourd'hui, seule, en Tunisie, pendant une semaine. Moi je donnerais tout pour partir, même seule, et elle donnerait tout pour ne pas être seule. La dernière fois que nous sommes parties c'était à deux, en Egypte, il y a deux ans de cela, et nous avons toujours voulu réitérer cette expérience mère/fille depuis sans jamais en avoir l'opportunité. Et maintenant elle part et je ne peux pas l'accompagner. Je sais, c'est idiot, enfantin, irréfléchi comme réflexion, mais j'en ai les larmes aux yeux quand même. J'ai toujours été une fille du soleil, il n'y a qu'en été et au bord de la mer - ou au moins d'une piscine - que je me sens vraiment bien. Le froid, le nord, le mauvais temps, tout ça me met le moral dans les talons. Vous allez me dire "mais de quoi te plains-tu, il fait beau depuis une semaine !", youhou, une semaine sur tout un été, mais que demande le peuple ? Et il y a toujours le rythme métro-boulot-dodo, il y a toujours les souvenirs des étés dans la maison familiale passés à dévorer des bouquins au soleil et à siroter des milk-shakes... Une période qui me manque plus que je n'ai bien voulu m'en apercevoir jusqu'ici. Les repas familiaux autour de la grande table dans le jardin, les petit-déjeuners avec ma mère en parlant du programme de la journée, les après-midis en maillot de bain au bord de la piscine, les virées shopping, autant de souvenirs qui semblent provenir d'un autre monde, d'une autre galaxie, d'une autre vie. Maintenant la famille est brisée, la grande maison familiale désertée. Je suis seule à Paris, ma mère seule à Strasbourg, mon père seul dans cette maison vide, mon frère et ma soeur oscillent entre ces différents lieux... Mon grand-père qui labourait les fraises dans le jardin est parti, définitivement. Ma grand-mère ne sera plus jamais la même. Je ne revivrai plus jamais ces doux étés à tout faire, ne rien faire, ne penser à rien, juste se laisser porter par la douce torpeur du soleil... 
Comment compenser ça ? Comment se persuader d'être heureux ? Et si on simulait le bonheur comme un orgasme trop long à venir en permanence ? Qu'est-ce que c'est vraiment, le bonheur : quelqu'un peut-il vraiment le dire ? Moi je ne suis pas sûre de pouvoir. Et si en me disant "heureuse" je calquais seulement ce mot sur une émotion qui n'a rien à voir ? Comment percevoir le bonheur ? Comment peut-on pleurer quand on a, en principe, tous les ingrédients pour être heureux ? Je ne suis peut-être qu'une petite fille trop gâtée, trop choyée. Je ne suis peut-être qu'une éternelle insatisfaite, une droguée de la perfection pour tout, y compris le bonheur. J'en veux toujours plus, je veux toujours mieux que ce que j'ai déjà pu connaître par le passé. Comment de petites émotions fugaces peuvent-elles suffire à m'ébranler et me tirer des larmes, moi qui me targue d'être une femme si forte ? Je me sens ridicule. Ridicule d'être jalouse de ceux qui partent au soleil. Ridicule d'être jalouse de ceux qui ont un chat qui dort quand il doit dormir, qui fait ses besoins là où il doit les faire et réclame des câlins en permanence. Moi tout ce que j'ai c'est un rouleau de sopalin vidé à une vitesse fulgurante et des griffures sur tout le corps. J'ai envie d'ailleurs, envie d'autrement. Envie de connaître le bonheur, comme une personne à qui on serrerait la main en détaillant son visage, comme pour l'apprendre par coeur, à la première rencontre. J'aimerais être quelqu'un d'autre, une personne simple, qui peut se contenter de ce qu'elle a sans chercher plus loin. J'aimerais avoir du temps pour me poser, me ressourcer, me reposer, faire ce que j'aime, au lieu de courir partout toute la semaine, en permanence, et de m'enfermer dans les toilettes la journée pour pleurer jusqu'à ce que je n'en puisse plus et sortir comme si de rien n'était, en affichant un sourire qui sonne faux mais que personne ne remarquera. Je voudrais de la tendresse, de l'amour. De la solitude aussi. Je voudrais arriver à m'accepter comme je suis, arrêter de me trouver grosse, laide, obèse même. Arrêter de voir dans le miroir quelqu'un que je ne suis pas. Arrêter de courir après quelqu'un que je ne serai jamais. Je voudrais m'accepter, accepter la vie que j'ai et m'en contenter, sans chercher toujours ce "petit plus" dont, qui sait, je n'ai peut-être même pas besoin au final ? Je voudrais arrêter d'être bourrée de contradictions. Je voudrais juste m'échapper...




1 commentaire:

Anything to say ?